Quand on n’est pas sûr de son coup, on ne fabrique pas une potion contre le rhume et surtout… On ne la boit pas…
Matt avait dit cela en soupirant avec un air abattu tout en observant son idiot de patient en secouant la tête doucement. Il y avait de quoi. Non seulement le pauvre bougre avait toujours sa crève mais en plus, il était recouvert de plaques rouge qui commençaient même à faire des croûtes.
Il alla fouiller dans un des placards et revînt avec un flacon emplit d’un liquide à la couleur peu rassurante.
Euh Doc…, commença le Croûté, visiblement pas très confiant pour le coup. Vous êtes sûrs que ça va me soigner ce truc ?
Matt était entrain d’ouvrir la bouteille et aussitôt, une odeur nauséabonde se fit sentir, ce qui acheva le teint déjà bien cireux de son patient.
Ça devrait pas vous tuer en tout cas, lui répondit-il en le lui tendant. Avalez-moi ça cul-sec, je repasserai vous voir dans une demi-heure.
Matt s’éloigna alors, refermant derrière lui le rideau entourant le lit du fabriquant de potions médicinales en herbes et retourna à son bureau, installé au fond de la pièce. Une fois assit sur sa chaise de bureau, il ferma un instant les yeux tout en se frottant le visage des deux mains.
Sur certains aspects, son nouveau boulot ne le changeait pas trop de Sainte-Mangouste, où il avait étudié puis travailler durant les dernières années. Même ici, il arrivait à avoir des patients loufoques victimes de maladies ou d’accidents parfois vraiment stupides. Mais pour le reste, tout était différent. Déjà, il se retrouvait quelque peu livré à lui-même. A l’hôpital, en cas de doute, il pouvait toujours demander l’avis d’un médicomage plus expérimenté. Mais ici, il était actuellement le seul et donc ne pouvait compter que sur lui-même et sur ses propres connaissances. L’autre différence notoire était qu’il n’avait plus de « tours de services ». Maintenant, il était de service en quasi permanence. Pour cela, il avait emménagé dans le QG de l’Ordre. Lorsqu’il n’avait pas de patients sur qui veiller, il dormait dans sa chambre. Dans le cas contraire, il passait ses nuits dans l’un des lits de l’infirmerie.
Ce n’était pas forcément évident. Ses collègues et le travail en équipe à l’hôpital lui manquait et de vivre en voyant rarement la lumière du jour était pesant mais Matt avait fait son choix.
Une fois les 30 minutes écoulées et le dossier de son idiot de patient mis-à-jour, car oui il avait beau être un membre de l’OdP avec l’ânerie qu’il venait de faire, Matt le voyait surtout comme un idiot dans l’immédiat, Matt retourna auprès de lui. Le pseudo-chimiste dormait à poing fermé et les plaques commençaient déjà à s’estomper doucement. Il dormirait probablement jusqu’au lendemain matin comme un bébé à présent et Matt ne s’inquiétait plus pour son état.
Il referma alors le rideau et s’étirait, planté au milieu de la salle, lorsqu’il entendit une voix féminine l’appeler. Surprit, il se retourna pour se retrouver nez-à-nez avec…
Liza !, lança-t-il en la réceptionnant dans ses bras avant de lui faire la bise, réellement heureux de la revoir lui aussi. Pour se trouver-là, c’est qu’elle avait rejoint l’Ordre. Matt réalisa soudainement qu’entre le deuil et sa mise en place à l’infirmerie, il n’avait pas vraiment eu le temps de voir qui faisait parti de l’OdP.
Moi aussi je suis ravis de te voir, lui répondit-il avec un petit sourire sincère même si ses yeux se voilèrent une seconde quand elle lui demanda comment il allait. La vérité ? Il tenait le coup tant bien que mal. Mais Matt n’avait jamais été du genre à se lamenter. Il avait toujours été de ceux qui souriaient en permanence et pleurait secrètement une fois seul.
Ça va mieux, ajouta-t-il sans cesser de sourire gentiment. C’était la vérité, après tout la vie continuait il était bien obligé de s’accrocher. Et ben tu vois, j’ai quitté Sainte-Mangouste pour… ce…
Matt jeta un coup d’œil circulaire autour de lui. L’infirmerie était très bien équipée, rien à redire mais pour le moment, elle était aussi très déserte hormis le Croûté qui commen4ait à ronfler doucement.
Pour ici, acheva-t-il en riant doucement. J’ai rejoins l’Ordre peu après l’attaque… Une façon comme une autre d’honorer la mémoire de mes parents. Mais dis-moi toi plutôt qu’est-ce que tu deviens depuis le temps ?