Le calme avant la tempête [ft Lynaya]

Les journées se ressemblaient toutes dans le petit village de Pont l’Amer. Le matin, son père tentait de la réveiller d’abord de manière douce, puis beaucoup moins en lui retirant le drap. C’était que la belle avait toujours eu beaucoup de mal à se lever le matin, préférant largement les bras de Morphée aux tâches ménagères. C’était donc en grognant qu’elle s’était levée pour quitter ses vêtements de nuit et revêtir sa tenue quotidienne.

Les journées commençaient toujours de la même façon, elle avalait un bout de pain en vitesse avant de balayer et nettoyer les tables de la salle principale pendant que son père réceptionnait la nourriture et les boissons qui étaient livrés. Elle alla tout de même saluer son frère qui était devenu marchant en épousant la femme d’un marchant moyen, reprenant cette affaire familiale plutôt que la leur.  Au moins, ils faisaient des bons prix. Oh, ils n’étaient pas à plaindre et gagnaient plutôt bien leur vie, sans rouler sur l’or… Mais c’était un travail de dur labeur et pour le coup la petite Lynaya n’avait pas le temps de batifoler et de se faire une vie. Elle qui rêvait d’aventures et de grands espaces, elle n’avait pas mis un pied en dehors de cette petite ville.

Après le ménage dans la salle, elle commençait le repas, réceptionnant les clés des chambres qui était utilisée. Quand midi sonnait, elle se devait d’aller vérifier que ces dernières étaient vides et devaient vérifier qu’ils n’avaient rien oublier dans la pièce. Parfois, cela lui arrivait de devoir faire les gros bras et étonnement, elle inspirait une forme d’autorité naturelle. Et puis, elle savait se battre. En effet, elle s’était entrainée avec son ami d’enfance avant que celui-ci ne l’abandonne pour rejoindre la garde d’un seigneur. Tu parles d’un ami !

La journée était bien avancée et déjà les quelques clients habituels de l’auberge étaient accoudés à leur table en train de jouer aux cartes ou de discuter bruyamment. Ce soir-là, il y avait un barde qui avait proposé ses services. Son père, l’avait alors autorisé à chanter pour ses clients. Lynaya était ravie, elle aimait écouter les histoires de ces gens-là en chanson. Cela lui donnait l’impression de voyager. D’ailleurs, elle avait un jour entendu de drôle de rumeur concernant des non-morts. Mais cela ne restait que des rumeurs et la brunette avait beau avoir une imagination débordante, elle n’y croyait pas vraiment.

Qu’importe, elle continuait de servir entre les tables, un homme plutôt baraqué entra à son tour dans l’auberge et Lynaya l’évita continuant son chemin jusqu’à la table un peu plus au fond, déposant les quatre bières qu’elle avait en main et empochant l’argent. C’est alors qu’elle se fit alpaguer par son père qui lui demandait de servir l’homme qui était rentré quelques minutes plus tôt. Elle acquiesça d’un signe de tête et se dirigea vers la marmite près du feu pour prendre le repas demandé. Elle alla ensuite au bar où son père venait de déposer un verre rempli de bière, y prit une clé qu’elle glissa dans sa poche de son jupon ainsi que la bière non sans avoir offert un petit sourire à son paternel.

Elle s’avança donc vers la table où l’inconnu avait décidé de s’asseoir. Son visage n’était ni amical, ni hostile. Elle nettoya sommairement devant l’homme avec son torchon avant de déposer l’écuelle et la choppe de bière devant lui.

« Alors, qu’est-ce qui vous amènes par ici ? » demanda-t-elle en l’observant un peu plus. Lynaya était du genre méfiante et curieuse. Elle aimait savoir qui dormait dans leur auberge… C’était que les ennuis arrivaient bien rapidement ces derniers temps. La brunette sortit ensuite une clé de sa poche et la posa également sur la table après qu’il ait répondu.

« Votre chambre est prête. C’est la première, celle avait la lune au-dessus. Vous devez l’avoir quitté avant que le soleil n’atteigne son zénith. » précisa-t-elle. C’était le même tarif pour tout le monde de toutes façons.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Lynaya écoutait un peu trop attentivement les histoires de ce cher barde. Elle adorait ses histoires. Bon, elles étaient toutes sexistes, mais elle se promettait qu’un jour, elle serait à l’origine d’un conte. Un conte où la femme n’était pas la demoiselle en détresse, mais bel et bien celle qui sauver la situation. Mais déjà son père la ramenait à la réalité, lui rappelant qu’elle avait des clients à servir, un sourire tendre tout de même sur les lèvres. Elle savait qu’elle avait toujours été la petite fille chérie de son père… Peut-être parce qu’il voyait en elle encore sa défaite épouse.

Elle se remit donc au travail, pour ensuite servir cet étranger qui venait d’arriver. Le port de son épée n’était pas rassurant, mais il ne semblait pas une menace. Pour l’instant. Elle l’observa quelques secondes. Ses cheveux étaient sales, pleins de poussières. Quant à ses chaussures elle était pleine de boue. Bref, il n’avait pas l’air d’un riche marchant… Plus d’un homme d’aventure, enfin, tant que l’aventure valait son pesant d’or. Il lui avoua alors rentrer d’un long voyage, buvant ensuite plusieurs gorgées de sa bière, sous le regard attentif de la jeune femme.

Elle se contenta cependant de cette réponse. Après tout, ceux qui voulaient parler, parler beaucoup plus… Surtout lorsque c’était une charmante jeune femme qui lui posait la question. Elle posa alors la clé de la chambre, lui indiquant où il pouvait la trouver.

Il la remercia ce qui, fallait-il l’avouer, l’étonna. Par ici, la politesse n’était pas de mise… Et puis, il avait payé alors tout ceci lui était du. A moins que son père avait décidé de faire crédit. Non, il n’aurait pas osé. La jeune femme ne laissa pas l’étonnement se dessiner sur son visage. Elle se contentait d’annoncer la règle concernant l’heure pour quitter l’auberge. Elle espérait ne pas avoir à le mettre dehors, surtout au vu de sa carrure et de l’épée qu’il avait auprès de lui. Elle fut rassurée d’apprendre qu’il ne comptait pas s’attarder.

« Vous êtes originaire d’où ? » demanda-t-elle par pur curiosité. Oui, sa curiosité était un vilain défaut qui lui amenait parfois bien des problèmes, mais elle ne pouvait s’en empêcher. Pourtant, son père tentait de lui rappeler qu’un bon aubergiste était quelqu’un qui écoutait mais qui ne questionnait jamais… C’était plus fort d’elle. Au moins, quelqu’un semblait apprécié sa cuisine au vu de la tête du voyageur. A moins qu’il n’ait pas mangé depuis un bon bout de temps.

Il lui offrit ensuite un sourire, s’apprêtant à lui demander quelque chose. Seulement, la porte s’ouvrit dans un grand fracas. Tout de suite, Lynaya se raidit et semblait beaucoup plus sur ses gardes. Son visage était froid et son regard dur se posa sur l’homme qu’il venait d’entrer. Elle ne connaissait que trop bien cette brute épaisse qui se la jouer caïd. En réalité, il était devenu beaucoup plus agressif envers son père depuis qu’elle l’avait clairement repoussé. Ce n’était pas sa faute si il lui était insupportable. Et puis, clairement, céder à ses avances auraient été une erreur, être une parmi tant d’autres. Il en était hors de question pour Lynaya.

Quoiqu’il en soit, la jeune femme serra des dents pour éviter d’ouvrir tout de suite sa bouche et faire dégénérer la situation. Son père d’ailleurs, qui la connaissait si bien, lui fit non de la tête. Seulement, il savait également qu’elle ressemblait plus à sa mère, notamment au niveau de son caractère. Se laisser marcher dessus n’était pas dans ses habitudes, surtout lorsqu’ils étaient dans les règles. La brunette s’avança donc vers celui qui était le chef. Les deux gars qui se dirigeaient vers la table qu’elle venait de servir se mirent devant elle, la stoppant net. Elle leva alors les yeux vers Mindel, lui faisant comprendre de la laisser passer. D’un geste de la main, il autorisa les hommes à la laisser passer. Elle s’avança vers l’homme, qui était beaucoup plus grand qu’elle.

« On t’a déjà payé début de semaine Mindel. » dit-elle entre ses dents en s’approchant vers lui.
« Oh je ne vous ai pas prévenu ? » demanda-t-il d’un ton faussement embêter. « Le tarif a augmenté, tu comprends, le contexte actuel est compliqué. » ajouta-t-il avec un petit sourire carnassier. « Mais si tu veux, on peut toujours s’arranger… » lâcha-t-il en la relookant de haut en bas.
« Vous me faites pitié. » cracha-t-elle entre ses dents en le regard avec dégout ce qui fit rire l’homme à voix déployé. C’est alors qu’il l’attrapa par la taille, l’attirant à elle. La jeune femme se débattu bien sûre et ce fut à ce moment là que son père décida d’intervenir. Il réussit, plus par surprise, à ce que Lynaya fut libérée, la belle lança un regard de rage en direction de Mindel. Son père était entre eux et heureusement, sinon elle lui aurait sauté au visage.

« Que vous pillez mon auberge c’est une chose, mais je vous interdis de toucher ma fille. » dit-il en tentant de gonfler un peu sa poitrine pour se montrer plus costaud qu’il ne l’était. Mindel perdit son sourire, un air mauvais se dessina sur son visage. C’est alors qu’il donna un immense coup de poing à son père qui s’effondra contre le bar, Lynaya tentant de ralentir sa chute.

Mindel tourna alors le dos au duo, ordonnant à ses hommes de dépouiller les clients de leur bourse. Sentant la colère monter en elle, Lynaya se releva et prit une choppe pleine de bière pour l’exploser sur le crane du brigand. Cela eut pour effet de déclencher une gigantesque bagarre dans toute l’auberge, chacun défendant sa bourse et parfois même sa vie.

Lynaya recula quelques secondes avant de se rappeler qu’elle avait un couteau au niveau de sa cuisse qu’elle sortit de sous son jupon. C’était que dans son métier, il fallait toujours être prudente.

La jeune femme discutait tranquillement avec le nouveau client. Pour le coup, sa curiosité était toujours entière. L’homme n’était pas un grand bavard, mais qu’importe, cela ne décourageait jamais la brunette. Au moins, il ne se montrait pas agressif envers elle, plutôt las de devoir discuter. Elle lui posa donc quelques questions auquel il répondit, restant tout de même vague. Apparemment, il était de Conflans, bien lui de chez lui donc. Mais il avoua que la vie dans une ferme n’aidait pas à gagner sa croute. Elle lui offrit un petit sourire compatissant en haussant les épaules. Elle savait que la vie n’était pas toujours facile en dehors du Bief. C’était sa mère qui lui avait confié tout cela… Venant du nord, elle savait que la vie n’était pas un long fleuve tranquille.

Elle allait libérer l’homme de sa présence, lorsque Mindel et ses hommes étaient entrés. Lynaya ne s’était jamais laissé impressionné par ses hommes et jusque là, ça avait suffi. Mais ce soit, l’atmosphère était encore plus tendue. Peut-être était-ce l’alcool qui avait réveillé les envies de grandeur de Mindel et ses hommes.

Comment les choses avaient-elles dégénérées ? Elle ne saurait l’expliquer. Elle ne savait pas si c’était elle qui avait déclenché la bagarre en explosant cette chope sur la tête de Mindel. Ou si c’était Jared qui s’était opposé à ce qu’on lui prenne sa bourse. Mais cela avait dégénéré. Mindel était furieux après elle alors que du sang coulait de sa tempe droite. Elle ne s’était pas rendue compte de ce qu’elle avait fait avant qu’elle ne voit la haine se dessinait sur le visage de cet homme. Elle regarda autour d’elle et le chaos l’entourait. Les hommes se battaient pour leur argent ou tentait de s’enfuir, le peu de femmes se cachaient et hurlait. C’était un enfer sur terre.

L’étonnement et le stupéfaction de Lynaya lui porta préjudice.  Deux hommes la saisirent au niveau de ses bras. La belle se débattit comme une diablesse, donnant des coups de pied et de tête le plus possible. Cela eut pour effet de les faire basculer au sol. Elle tomba lourdement sur le sol, entrainant donc les deux hommes. Malgré leur surprise, ils continuaient de la maintenir alors qu’elle espérait réussir à atteindre son poignard. Mintel était au-dessus d’elle, un sourire carnassier.

« Tu vas me le payer petite garce. » dit-il entre ses doigts. Et quelque chose d’étrange se passa. Une dague vint se planter dans la cuisse du briguant qui se pencha en avant. Lynaya lui donna alors un coup de pied dans la tête pour le faire reculer en arrière, lui brisant le nez. L’un des deux hommes qui la maintenait au sol reçut lui aussi un couteau dans la gorge, tandis que l’autre eut à peine le temps de sortir son épée qu’il venait de se prendre un coup dans la tête. Du sang coulait partout, cela horrifia Lynaya qui fut sortie de sa torpeur par l’homme qui la saisit au niveau du bras pour la redresser et commençait à la trainer derrière lui.


« Non attendez ! L’auberge ! Mon père ! » dit-elle en réussissant à se dégager de l’emprise du jeune home pour se diriger vers le corps de son père. Se rendait-elle compte qu’on ne pouvait pas survivre à une hache dans la tête ? Si elle avait tous ses esprits elle le remarquerait sûrement, mais c’était le déni qui habitait ses pensées pour l’instant.

Elle se dirigea vers son père et toucha sa main pour tenter de le tirer pour l’amener avec elle.

« Papa ! Papa ? Il faut qu’on parte… Réveille-toi ! Réveille-toi ! » hurla-t-elle sur son père qui bien sûre, rester à terre, dans une marre de sang. C’est alors que la vérité s’imposa à elle. Elle se redressa, une expression d’horreur figé sur les traits de son visage. Elle n’eut pas le temps de réfléchir que déjà on la tirait et cette fois, elle se laissa faire. Elle jeta un dernier regard à l’ensemble de l’auberge avant de fuir, fuir comme une voleuse. Elle se retourna et suivit l’inconnu qui semblait savoir se battre et surtout semblait avoir un plan pour sortir de là vivant. Elle le suivit donc à l’étage alors qu’elle entendait des cris dans toute l’auberge. L’espace d’un instant, elle eut l’envie de faire demi tour et de se battre pour tout ce qu’elle avait. Son père, son auberge, son héritage. Seulement, l’homme ne lui laissait pas le temps d’hésiter à continuer à la tirer.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le chaos régnait à présent dans l’auberge. Des cris, du sang, des pleurs. Lynaya ne savait plus vraiment où donner de la tête et suivait comme un automate le guerrier. Qui était-il ? Elle n’en avait aucune idée, mais il savait se battre et surtout, il ne semblait pas vouloir l’abandonner à un triste sort. Même si elle ne comprenait pas cet élan de générosité, elle le saisissait, s’accrochant à cette bouée de sauvetage inespéré. Car oui, malgré tout, elle voulait vivre.

Arrivés en haut, l’inconnu réussit à gagner du temps en poussant des tonneaux sur leurs assaillants, en se payant même le luxe de lui faire un petit clin d’œil. Lynaya était trop abasourdie pour répondre quoique ce soit et finalement décida d’avancer ce qui ne valut que sa capture. Les hommes commencèrent à se battre et la jeune femme était totalement ignorée par le bandit, la pensant sûrement faible et fragile. Elle tentait tant bien de se débattre et de se dégager de son emprise, lorsqu’il demander à l’étranger de partir sans demander son reste. L’espace d’un instant, Lynaya se demanda si ce n’était pas ce qu’il allait faire. Après tout, il ne la connaissait pas et quelle était l’intérêt de risquer sa vie pour une inconnue ?

Elle lança un regard vers son protecteur, se demandant qu’elle serait sa décision, pour ensuite jeter un regard plein de mépris envers son tortionnaire qui promettait de bien prendre soin d’elle. Il n’en fallut pas plus à Lynaya pour se rappeler qu’elle n’était pas une petite chose fragile. Qu’elle aussi savait se battre un minimum et surtout, qu’elle ne se laisserait pas faire. Ce n’était pas son caractère, elle était une combattante, pas une fillette. Le bel inconnu essaya tout de même de lancer une dague en direction de la tête de son agresseur qui esquiva sans pour autant échapper totalement à la lame aiguisée.

IL n’eut d’ailleurs pas le temps de riposter après son cri de rage, que Lynaya se réveilla enfin et enfonça jusqu’à sa garde sa dague. Son regard était froid alors que l’homme posait un regard d’incompréhension totale sur la jeune femme. Il tenta bien de s’attaquer de nouveau à elle mais, elle esquiva et surtout le fit reculer en le poussant de toutes ses forces.

Ils n’avaient pas le temps de discuter et même si c’était la première fois pour Lynaya qu’elle tuait un homme, elle n’avait en aucun cas envie de s’apitoyer sur le sort de ce dernier. Son père était mort d’une hache dans la tête ce soir, alors un inconnu qui voulait la maltraiter ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle se délectait presque de voir la vie quitter les yeux de son ancien assaillant. Ce fut son « protecteur » qui la sortit de sa léthargie de nouveau en lui prenant la main et en l’entrainant à sa suite. Il lui ordonna alors de le suivre sans se poser de questions, avant de se laisser sauter par la fenêtre. Lynaya enjamba le bas de la fenêtre et après une seconde d’hésitation en regardant à l’intérieur, elle franchit le pas et sauta.

Elle atterrit lourdement sur de la paille alors que l’inconnu l’aidait déjà à se relever. Elle ne s’était pas blessée, le foin avait bien amorti le tout. Il la poussait légèrement pour qu’elle presse le pas, mais la brunette avait bien compris que leur seul moyen de survivre était la fuite.

« J’apprends toujours très vite. » lâcha-t-elle simplement lorsqu’il lui parlait de monter à cheval. En réalité, la jeune femme en avait déjà fait un peu dans sa jeunesse, sans vraiment s’attarder sur cette discipline. Il l’aida tout de même à monter, pour ensuite faire de même et s’asseoir devant elle.  

C’est alors que Mindel sortit de l’auberge, apparemment furieux et hurlait ses ordres. Il voulait la tête de l’homme et sa vie à elle. L’inconnu lui demanda de s’accrocher. Elle passa ses bras autour de la taille de l’homme et le serra pour éviter de tomber de cheval. Le destrier hennit avant de se lancer dans une course à travers la nuit. Lynaya lança un dernier regard en arrière pour voir que des flammes commençaient tout doucement à dévorer l’auberge. Son auberge. Elle déglutit et détourna le regard, le cœur lourd, fermant les yeux et resserrant un peu la prise sur l’homme dont elle ignorait tout.

Elle avait tout perdu en une nuit.

Après un bon trajet, éreintant, et avoir vérifié qu’ils n’étaient pas suivi, le duo s’arrêta dans une petite clairière. Lynaya restait pour l’instant muette, encore sous le choc. Elle aidait à préparer le feu pendant que l’homme s’occupait de sa monture. Une fois les premières flammes faites, elle s’assit à côté, se réchauffant de la nuit fraiche. Elle osa enfin lever les yeux vers l’inconnu. Elle lui devait la vie et ne l’avait pas encore remercier.

« Merci. » lâcha-t-elle simplement pour fixer finalement le feu de ses yeux bruns. Elle resserra l’étreinte autour de ses propres jambes, perdue dans ses pensées.

« Je ne sais même pas votre nom… » avoua-t-elle dans un murmure.